Nader Rahy est un musicien accompli. Que ce soit au travers des nombreux groupes qu'il a menés depuis plus de dix ans, ou en tant que guitariste pour la chanteuse allemande Nena, il a déjà largement fait ses preuves, comme en témoigne la victoire de son groupe "Nada Brama" au tremplin Emergenza en 2000. L'année dernière, il a participé à l'émission "The Voice of Germany", attirant l'attention du grand public avant de sortir son premier album solo, "Tokunbo", distribué avec iMusician Digital.
Votre biographie est extrêmement personnelle et donne l’impression aux lecteurs que la musique a été une vocation pour vous depuis votre plus jeune âge, plutôt qu’un travail en soi, est-ce le cas ?
J’ai toujours aimé la musique. Lorsque j’avais 15 ans, j’ai réalisé que cela pouvait également être une carrière réalisable. A partir de là il n’y avait plus d’alternatives possibles !
Vous avez eu de nombreuses expériences en groupes depuis vos premiers pas dans la musique. Y a-t-il des choses que vous regrettez maintenant, ou des choses que vous feriez différemment ? Avec quel groupe auriez-vous aimé aller plus loin ?
Les regrets sont un luxe, cela ne vaut pas le coup d’y penser. J’aurais pu être un peu plus stable et ne pas commencer un groupe tous les six mois. J’aurais aussi pu commencer à faire de la musique sous mon nom un peu plus tôt. Ce qui est sûr c’est que je ne veux plus être dépendant d’autres musiciens. Je n’ai plus vraiment d’organisation régulière au niveau de mon groupe. J’ai par exemple trois batteurs au cas où l’un d’entre eux ne puisse pas se rendre à un concert.
Votre ancien groupe, Nada Brama, a gagné le tremplin Emergenza en 2000. Est-ce que cet événement a boosté votre carrière ou au contraire l’a freinée ?
Cela a sans doute été le point culminant de la carrière du groupe. Les choses n’ont pas vraiment bougé après ça, ce qui montre que je n’avais pas l’énergie nécessaire pour continuer à avancer. Après 6 ans – ce qui paraissait une éternité à l’époque – j’ai dû quitter le groupe.
Le succès de Nada Brama vous a donné un aperçu de ce qu’est la vie avec un grand label. Comment ça s’est passé pour vous ?
On peut comparer ça à un cocktail, un mélange d’espoir et de peur qui l’accompagne toujours. Mon bonheur dépendait trop des autres. À cette époque, les contrats avec les grands labels faisaient toujours la différence. Il est évident qu’obtenir un peu d’attention des médias et s’envoler pour un concert à Los Angeles était génial. Pendant un moment, nous pensions avoir réussi.
Depuis 2002, vous avez été le guitariste de Nena et le batteur de Kingdom Come durant leur tournée. Et vous travaillez également sur votre propre projet. Vous savez accompagner un groupe mais aussi être l’artiste principal. Quels sont pour vous les avantages et les inconvénients de cette position ? Est-t-il possible de bien réussir dans les deux rôles ?
Je remplis effectivement ces deux positions. Le rôle de musicien accompagnateur est contraignant, évidemment, car vous devez mettre vos objectifs de côté à cause du manque de temps ! Mes propres projets sont me passionnent plus. En termes de contenu, rien ne peut rivaliser. L’avantage de travailler avec Nena est le luxe d’avoir toute une équipe s’occupant de tout et un budget rendant réalisable des choses que je ne pourrais pas faire seul, comme par exemple deux semaines d’enregistrement en Islande !
Et voici la question obligatoire à propos de votre participation à l'émission « The Voice » en Allemagne. Dans votre biographie, vous avez écrit que votre idée était de vous faire connaître du grand public. Est-ce que ça a marché ?
Absolument. Après la diffusion de l’émission, je me suis lancé dans une tournée de 20 concerts en Allemagne et en Suisse. Tous les concerts étaient bien remplis, ce qu’il n’était pas vraiment possible d’imaginer auparavant.
Vous sortez votre nouvel album Tokunbo indépendamment. S’agit-il d’une décision volontaire et réfléchie ?
Oui. Durant toutes ces années j’ai assez écrit pour 10 albums ! J’avais prévu de sortir cet album immédiatement après mon passage sur The Voice. J’avais commandé 1000 CD à vendre et l’album a été publié digitalement le 20 Juin.
Une rumeur court comme quoi de nos jours, les musiciens ne gagnent vraiment d’argent qu’en donnant des concerts. La musique en elle-même serait donc devenue un simple outil de promotion. Qu'en pensez-vous ?
Contrairement aux géants de la musique comme Metallica, je ne reproche pas aux clients de télécharger de la musique gratuitement. Le prix des CD est trop élevé. Les labels ont une part de profit trop grande et ne devraient pas être surpris que des personnes prennent toutes les opportunités possibles pour « voler » de la musique. Je rajouterai par contre qu’il est courant que les gens aiment posséder une copie physique. Je m’en suis rendu compte lorsque mon premier pressage de CD s’est vendu comme des petits pains ! J’ai personnellement emballé et envoyé chaque CD. Je ne gagne pas 20€ par CD mais seulement 15€ avec les frais d’expédition inclus.
YouTube semble jouer un rôle de plus en plus important dans le monde la musique, et en particulier pour les fans un peu plus jeunes. Que pensez-vous de YouTube ?
Je pense que c’est super que tout le monde puisse publier eux-mêmes le produit de leur créativité, même si cela a tendance à devenir trop important.
Qu’avez-vous prévu dans le futur proche ?
Je vais faire une tournée en Allemagne et sous mon nom. Je joue également beaucoup avec Nena. Je sortirai ensuite mon second album avec mon groupe Les Blaque Pearlz et nous partirons en tournée après cela.