Sous-genres techno : six types de musique techno

La musique techno et la culture rave suscitent actuellement un regain d’intérêt. Bien que ce genre musical existe depuis longtemps, il gagne en popularité, notamment auprès des jeunes, grâce aux réseaux sociaux. Cependant, le fait que l'écoute soit parfois davantage axée sur la consommation rapide que sur l’exploration peut réduire la compréhension de ses origines et de ses fondamentaux. Par conséquent, ce genre est souvent assimilé à tout ce qui ressemble à de l'EDM et est considéré comme principalement européen.

Alors, qu'est-ce que la techno exactement ?

La techno est un genre musical né aux États-Unis, plus précisément à Détroit, qui s’est rapidement implanté dans le monde entier. C’est un genre principalement rythmique, articulé autour d’un rythme 4/4 (quatre temps par mesure). En termes de style, les morceaux ont généralement un tempo compris entre 130 et 150 BPM, mais certain·e·s producteur·rice·s choisissent de le dépasser ou de le réduire.

Les morceaux se caractérisent par une répétition marquée qui leur confère une sensation immersive, proche de la transe. Les éléments rythmiques sont programmés à l’aide de boîtes à rythmes ou de séquenceurs inclus dans les DAW et sont combinés avec des éléments mélodiques, harmoniques et texturaux. L’approche expérimentale dans la sélection des sons est facilitée par l’utilisation de synthétiseurs analogiques et numériques, d’échantillons (vocaux), de textures, d’effets sonores, d’arpégiateurs et de divers plugins d’effets.

Depuis sa naissance, la musique techno a évolué dans de nombreuses directions. Chaque sous-genre se caractérise par un ensemble d’éléments et d’approches de la production musicale, mais le plus souvent, les morceaux appartiennent à plusieurs sous-genres. Examinons les nombreux types de musique techno dans les sections suivantes.

Il serait impensable de ne pas commencer par la techno de Détroit, sans doute le type de musique techno le plus important. Bien qu'aujourd'hui ce genre soit souvent associé à des villes européennes, la techno est née à Détroit et est le fruit de la culture afro-américaine.

L’influence européenne n’est pas un secret : certain·e·s artistes de Détroit ont d’ailleurs explicitement cité des groupes comme Kraftwerk parmi leurs sources d’inspiration. Cependant, l’argument selon lequel la techno est un genre européen découle d’une utilisation erronée du terme « musique électronique », souvent confondu avec « techno ». Si la techno fait partie de la musique électronique au sens large, ces deux genres ne sont pas identiques. Ainsi, indépendamment de l’influence des musicien·ne·s électroniques européen·ne·s, la musique techno en tant que genre à part entière a été créée et popularisée par des artistes afro-américain·e·s de Détroit. Pour cette raison, il ne s’agit pas d’un sous-genre, mais plutôt de l’origine de tous les autres types de musique techno.

Après la naissance de la house music à Chicago au début des années 80, la production musicale et la technologie ont continué à évoluer dans plusieurs directions. Influencé·e·s par divers groupes de musique électronique, des artistes de Détroit ont commencé à expérimenter le rythme et le son de manière innovante. Parmi les artistes figuraient Derrick May, Juan Atkins et Kevin Saunderson, aussi connus sous le nom de « Belleville Three ». Fortement inspirés par des thèmes futuristes et le statut de ville post-industrielle de Détroit, ils ont commencé à créer des morceaux obscurs et surréalistes dans leurs sous-sols. C’est ainsi qu’ils ont créé le genre techno, nommé pour la première fois par Juan Atkins dans les années 1980.

D’autres noms importants de Détroit sont le duo Drexciya, Robert Hood, connu pour son approche minimaliste de la techno, Kelli Hand, également connue sous le nom de K-Hand, qui a ouvert la voie aux femmes afro-américaines dans l’univers de la musique techno, ainsi qu’à d’autres artistes issu·e·s de groupes sous-représentés, DJ Stingray 313 et Blake Baxter.

Vient ensuite le sous-genre acid techno, communément appelé « acid ». Ce style est étroitement lié à l'acid house et au producteur DJ Pierre, alias Nathaniel Pierre Jones, basé à Chicago, qui a joué un rôle crucial dans son développement. Avec le temps, ce style a commencé à gagner en popularité à Londres (et dans d'autres villes européennes), où il s'est encore développé.

Comparé à l'acid house, l'acid techno est nettement plus rapide et plus sombre. Ce sous-genre se caractérise principalement par ses sons grinçants et psychédéliques, initialement produits avec le synthétiseur Roland TB-303. D'autres synthétiseurs et boîtes à rythmes utilisés sont le TR-909, le TR-808 ou le TR-707. Grâce à son son immersif et énergique et à sa popularité auprès de personnes parfois perçues comme « rebelles » par les regards extérieurs, l’acid techno est souvent associée aux raves illégales et à la culture rave dans son ensemble.

L'acid techno se croise souvent avec d'autres genres de musique électronique, notamment la trance. Parmi les noms les plus connus du genre, on peut citer Plastikman, alias Richie Hawtin, DAVE the drummer et Underground Resistance.

La techno ambiante combine les éléments atmosphériques, mélodiques et harmoniques du genre ambient avec les structures rythmiques et les sons de la techno. L'ambient se caractérise par de nombreuses répétitions, un processing intensif et un processus de production et de sélection sonore qui le rend très immersif. Les morceaux sont généralement assez lents et peuvent être écoutés dans divers contextes. Comme l’ambient ne suit pas de règles strictes et ne nécessite ni rythme ni structure, elle permet de nombreuses expérimentations.

Après avoir gagné en popularité en Europe et aux États-Unis, le genre s’est imposé dans la culture rave, offrant aux participant·e·s un moment de détente après les sons plus durs de la techno et de ses sous-genres. Au fil du temps, l’intérêt croissant pour la musique ambient et sa place dans les raves ont favorisé l’émergence de nouveaux genres, notamment l’ambient house dans les années 80 et l’ambient techno dans les années 90. L’une des figures clés de l’ambient techno est le producteur de Detroit Carl Craig, dont le style a inspiré de nombreux artistes à travers le monde à adopter une approche similaire. Parmi les autres artistes renommé·e·s dans ce genre figurent Aphex Twin, The Black Dog, The Orb et Biosphere.

La techno industrielle est un genre qui mélange la techno avec divers éléments de la musique industrielle. Inspirée par des artistes industriels comme Cabaret Voltaire et des labels comme Wax Trax, elle a commencé à se développer à la fin des années 80 et s'est imposée dans les années 90. Parmi les pionniers du genre, on trouve les artistes de Detroit Jeff Mills et Anthony Srock, qui ont travaillé ensemble sous le nom de Final Cut. En 1989, ils ont sorti leur album Deep into the Cut (1989), qui, à bien des égards, reflète les débuts de la techno industrielle et l'atmosphère de Detroit. Parmi les autres noms influents, on peut citer Perc, Paula Temple, Mike Banks, Tommy Four Seven, Helena Hauff et les labels Tresor Records, Perc Trax et Sonic Groove.

Sur le plan sonore, la techno industrielle se caractérise par la dissonance, les sons métalliques et déformés, le bruit et les textures. En raison de son nom, elle est souvent associée aux machines industrielles, aux équipements d’usine et aux environnements où ces outils sont utilisés. Ce sous-genre présente généralement un son brut et granuleux et laisse place à de nombreuses expérimentations, notamment les polyrythmies et les signatures rythmiques non conventionnelles.

Les morceaux peuvent être plus lents ou légèrement plus rapides, mais ils présentent généralement un son plus sombre, plus mécanique et abstrait, parfois même qualifié de dystopique. Ce résultat est obtenu grâce à un traitement important utilisant des techniques telles que la synthèse FM et une forte réverbération.

La techno minimale est étroitement liée à la techno de Détroit, les artistes de Détroit Robert Hood et Daniel Bell étant considérés comme les pionniers de ce style particulier de musique techno. Avec le temps, elle a gagné en popularité en Allemagne, où elle a continué à se développer et à se transformer. Aujourd'hui, elle est souvent utilisée comme terme générique pour désigner tout ce qui sonne de manière quelque peu minimaliste, ce qui conduit à des erreurs d'étiquetage des morceaux.

Alors, qu'est-ce qui rend un morceau techno « minimal » ? Comme son nom l'indique, la techno minimale s'articule autour du principe « moins c'est plus ». Les morceaux se caractérisent généralement par des percussions, des lignes de basse groovy et des éléments mélodiques volontairement épurés. La répétition et l'introduction de changements subtils au fil du temps sont des aspects essentiels de ce sous-genre, qui permettent aux morceaux d'être très immersifs, hypnotiques et groovy.

Dans une interview accordée à The Fader, Robert Hood résume ainsi l'essence de ce sous-genre : « Ce sont des morceaux rythmiques simples, dépouillés, qui, bien que centrés sur une structure minimale, mettent l'accent sur un maximum d'émotions. La première chose qui m'a frappé, c'est son absence totale de complexité et pourtant sa puissance. (...) Il avait le potentiel et la puissance de vous transporter ailleurs, de vous mettre des idées en tête, d'implanter certaines images, certains souvenirs et certaines idées. »

Son classique de la techno minimale, « Minus », est une représentation sonore idéale de ses propos.

La dub techno est un sous-genre qui combine la techno avec divers éléments de la musique dub, un genre ayant évolué à partir du reggae à la fin des années 60 et au début des années 70 en Jamaïque. La dub techno se caractérise par une approche plus douce d’un genre généralement plus dur. Elle est souvent comparée à la techno ambiante en raison de l’importance accordée aux éléments atmosphériques, à l’utilisation de réverbérations et d’échos, ainsi qu’à une production musicale largement basée sur les délais.

Le style est fortement influencé par King Tubby, considéré comme l'inventeur du remix et de la musique dub. Cependant, la dub techno est principalement associée aux producteurs allemands Moritz von Oswald et Mark Ernestus, qui ont formé le duo et le label Basic Channel dans les années 90. Ils sont également les fondateurs de Rhythm & Sound. Parmi les autres noms importants, on compte le label Mille Plateaux, Rod Modell et son projet DeepChord, ainsi que Stephen Hitchell.