Comment gagner de l'argent sur Spotify

Le principal moyen de générer des revenus sur Spotify est de percevoir des revenus musicaux, issus des écoutes en streaming. Alors que beaucoup croient (ou espèrent) que les plateformes de streaming ont été conçues pour permettre aux musicien·ne·s de vivre de leur art (comme le mentionne la mission de Spotify), en réalité, dépendre uniquement des redevances peut s’avérer compliqué. En effet, comme vous le savez probablement, les paiements par écoute sont incroyablement faibles.

En général, lorsqu'il s'agit de se rémunérer grâce aux écoutes, le nombre de streams est un facteur clé. Plus il y a d’écoutes, plus il y a de revenus. Cependant, le système de paiement des redevances n’est pas aussi simple et direct qu’il n’y paraît.

Avant de se pencher sur les redevances versées par Spotify aux artistes, il est essentiel de comprendre comment la plateforme de streaming elle-même génère des revenus. Il existe trois sources principales de revenus pour Spotify :

1. Les abonnements Premium. Comme nous le savons, Spotify fonctionne sur un modèle de revenus freemium qui propose un service de base, limité et financé par la publicité gratuitement, ainsi qu’un service premium illimité moyennant des frais d’abonnement. Ces frais permettent d’accéder à une écoute sans publicité et à d’autres avantages, constituant ainsi une source de revenus majeure.

2. La publicité. Les utilisateur·rice·s du service gratuit voient leur expérience d’écoute interrompue par des publicités, ce qui génère des revenus pour la plateforme grâce aux services de Spotify soutenus par la publicité, incluant les annonces diffusées sur la musique et les podcasts.

3. Les liens sponsorisés. Spotify intègre de manière significative des liens sortants dans ses applications mobiles et sa plateforme Web, promouvant la vente de billets et de produits dérivés. Lorsque des achats sont effectués via ces liens, Spotify perçoit un pourcentage des revenus générés.

En termes simples, Spotify collecte tous les revenus nets provenant des abonnements, des publicités et des commissions. Il en déduit l’argent qu’il perçoit, mais ne conserve pas, notamment les taxes, les frais de traitement des cartes de crédit, la facturation, les commissions sur les ventes et autres coûts. Il semblerait qu’un pourcentage des recettes restantes (certaines sources évoquent 75 %) soit ensuite affecté à ce que l’on appelle un fonds de paiement.

À partir de ce fonds, la part des recettes nettes revenant aux ayants droit est déterminée en fonction des streams. Cela signifie que les royalties sont réparties proportionnellement entre tous et toutes les artistes en fonction de leur pourcentage respectif de streams par rapport au nombre total d’écoutes au cours d’un mois donné. Ce système de paiement est censé garantir que les redevances des artistes sont directement liées à leur performance en streaming et à l’engagement du public.

Cependant, il est important de noter que l’intégralité du fonds de paiement ne revient pas directement aux artistes. Une partie est également versée aux maisons de disques, aux éditeur·rices, aux auteur·rice·s-compositeur·rice·s (s’ils·elles sont distinct·e·s de l’artiste), aux entreprises partenaires et à Spotify elle-même. De plus, le montant des paiements peut fluctuer chaque mois en fonction de plusieurs facteurs, tels que le chiffre d’affaires de Spotify, le nombre total de streams générés sur la plateforme et la part de ces écoutes revenant à l’artiste. C’est pourquoi les revenus d’un·e artiste varient d’un mois à l’autre.

Spotify précise que son système de paiement démontre que, contrairement à une idée reçue, il ne verse pas de redevances aux artistes selon un taux fixe par lecture ou par stream. Toutefois, la rémunération moyenne de la plateforme se situe généralement entre 0,003 et 0,005 dollar par stream.

Voici quelques facteurs qui influencent les rémunérations sur Spotify :

• Plus un titre reçoit de streams par rapport aux autres, plus sa part de rémunération est élevée.

• Les streams Premium génèrent généralement des paiements plus élevés que les streams financés par la publicité.

• Plus les frais d’abonnement sont élevés dans un pays donné, plus les redevances sont importantes. Cela signifie que vos revenus peuvent varier en fonction de la localisation de votre audience.

Un rappel de notre part : Un “stream” est comptabilisé lorsqu’un morceau est écouté pendant 30 secondes ou plus. Toute écoute inférieure à cette durée n’est pas prise en compte.

Pour comprendre comment gagner de l'argent sur Spotify, il est fondamental de comprendre les différents types de redevances générées sur la plateforme et comment Spotify les distribue. La musique sur Spotify génère deux principaux types de redevance: les royalties d'enregistrement et les royalties pour l'édition. Bien que les droits musicaux et les redevances puissent être un sujet complexe, nous allons le décomposer aussi simplement que possible.

Les royalties d'enregistrement (divisées en royalties de masterisation et royalties de performance numérique) représentent l'argent dû aux titulaires des droits des enregistrements master diffusés sur Spotify. Les droits de masterisation couvrent la reproduction et la distribution de l'enregistrement original des performances audio. En général, les titulaires des droits de masterisation sont l'artiste interprète, la maison de disques et/ou le studio d'enregistrement. Les artistes-interprètes reçoivent des royalties d'enregistrement directement par l'intermédiaire du détenteur de licence qui fournit la musique — il peut s'agir d'une maison de disques (pour les artistes signé·e·s) ou d'un distributeur (pour les artistes indépendant·es qui s'autoéditent).

Les royalties pour l'édition (divisées en royalties mécaniques et royalties d'exécution publique) sont les sommes versées aux propriétaires d'une composition, le plus souvent les auteur·rice·s, les compositeur·rice·s, les parolier·ère·s et les éditeur·rice·s. Une composition est une œuvre musicale (harmonie, mélodie, etc.) qui peut ou non être accompagnée de paroles. Ces royalties pour l'édition sont versées par Spotify aux éditeur·rice·s, aux sociétés de gestion collective, telles que BMI (US), ASCAP (US), PRS (UK), ou GEMA (DE), et aux agences mécaniques en fonction du territoire d'utilisation, qui les transmettent ensuite aux titulaires de droits respectifs.

Comment savoir ce qui est quoi ? Prenons l'exemple de la version de « I Will Always Love You » de Whitney Houston. Whitney a enregistré la chanson avec Sony Music, son label, qui détient les droits de masterisation et reçoit donc les royalties pour les streams de la chanson à succès. De même, Dolly Parton, l'autrice et la parolière de la chanson, reçoit les royalties mécaniques et d'exécution publique par l'intermédiaire de sa société de gestion collective ou de son éditeur·rice.

Si vous vous auto-éditez et écrivez votre propre matériel, vous êtes à la fois le label et le·la compositeur·rice. Cela signifie que vous possédez les droits sur les masters (générant les royalties d'enregistrement) ainsi que les droits mécaniques et d'exécution (générant les royalties pour l'édition). Bien sûr, si vous faites partie d'un groupe, il est idéal d'établir les parts de manière claire avant de sortir de la musique. Si un label a précédemment sorti votre musique, ce dernier pourrait détenir les droits sur les masters et collecter les royalties d'enregistrement que vous générez sur des plateformes comme Spotify, Apple Music, Amazon et d'autres. Cependant, en tant qu'auteur·e-compositeur·rice ou parolier·ère, vous continuerez à recevoir des royalties pour l’édition via votre société de gestion collective.

Dans certains pays, les plateformes comme Spotify doivent allouer une partie de leurs revenus directement aux sociétés de gestion collective, telles que la SACEM en France ou la GEMA en Allemagne. Ces sociétés distribuent les redevances après déduction des frais de traitement, en combinant les revenus provenant du streaming, de la radio, de la télévision et d'autres sources.

En général, Spotify verse les parts de revenus une fois par mois ou sur une base trimestrielle. Toutefois, le moment exact du paiement peut dépendre de l’accord entre Spotify et le·la détenteur·rice de droits respectif·ve ou des intermédiaires, tels que les distributeur·rice·s, les labels, les éditeur·rice·s, etc.

Pour les artistes indépendant·e·s utilisant des distributeurs de musique, Spotify transfère les gains au distributeur environ 3 à 4 mois après que les streams aient eu lieu. Vous pouvez ensuite consulter vos gains via le tableau de bord de votre distributeur et demander un paiement vers votre compte bancaire ou PayPal.

Tout comme les musicien·ne·s utilisent le service d’un distributeur de musique digitale pour publier leur musique sur Spotify, les paiements sont également gérés par ces distributeurs. Par exemple, chez iMusician, vous pouvez demander un paiement de vos royalties à tout moment, sans montant minimum. Il faut cependant garder à l’esprit que les revenus des ventes d'une sortie ne sont mis à disposition par les boutiques, y compris Spotify, que 4 mois après que les ventes aient été réalisées.

Le streaming artificiel est considéré comme un type de fraude, passible de lourdes amendes, de la retenue des royalties associées et du retrait de la musique. En termes simples, les faux streams sont des streams qui ne représentent pas l’intention d’écoute réelle des utilisateurs et des utilisatrices. Ils impliquent généralement des processus automatisés, tels que des bots ou des scripts, qui manipulent les chiffres des streams. Vous ne devez jamais essayer de tricher avec vos streams. Beaucoup ont essayé, et beaucoup ont échoué.

Bien sûr, si vous écoutez votre album plusieurs fois par jour, cela ne posera pas de problème. Toutefois, ce sont généralement les créateur·rice·s qui cherchent à tricher qui utilisent des services tiers qui annoncent ou "vendent" (illégalement) des streams contre paiement. Vous les payez, puis ils diffusent vos morceaux via un programme informatique ou un robot, généralement pendant 31 secondes par morceau. Acheter des streams via ces services tiers constitue une violation grave des conditions générales de Spotify.

Étant donné que Spotify est l’une des plus grandes entreprises technologiques du monde, elle dispose des ressources et de l’intelligence nécessaires pour repérer immédiatement toute incohérence étrange. Il est donc sûr de dire que vous serez tôt ou tard pris·e en flagrant délit. En effet, Spotify effectue un suivi quotidien et un nettoyage pour détecter le streaming artificiel et veiller à ce que ces streams illégitimes soient retirés des chiffres publics dans l’application Spotify.

Si Spotify remarque des vagues inhabituelles ou aléatoires de streams, la plateforme peut suspendre ou supprimer toute sortie qu’elle considère comme suspecte. Si vous êtes pris·e en train d’enfreindre ses règles, Spotify peut geler vos gains, supprimer des sorties, impacter négativement vos algorithmes et vos streams organiques, voire vous interdire d'uploader de la musique à l’avenir—ce qui n’est vraiment pas une bonne image pour un·e artiste en devenir.

De plus, si Spotify détecte une activité frauduleuse sur un ou plusieurs de vos morceaux, il imposera également des pénalités. Ces pénalités apparaîtront sous forme de déductions "Spotify (taxe de fraude)" dans votre rapport de ventes de votre distributeur. Gardez à l’esprit que des distributeurs digitaux comme iMusician sont aussi légalement et éthiquement tenus d’identifier et, surtout, de traiter correctement toute activité frauduleuse qui viole les conditions générales de respect des plateformes de streaming. Si ces distributeurs détectent un comportement suspect, ils supprimeront vos morceaux et pourraient suspendre votre compte.

Avant de commencer à charger le van et à partir sur les routes, il est important de savoir qu’une tournée réussie implique plusieurs éléments : planification, promotion et une stratégie solide. Heureusement, organiser une tournée devient plus facile grâce aux statistiques de Spotify. Vous pouvez utiliser ces données comme une carte, planifiant votre parcours à travers les villes où vous voyez que votre musique est écoutée.

Si vous allez dans l’onglet "audience", vous pouvez voir une répartition des pays et des villes principales. Des fans à São Paulo, Rio et Fortaleza ? Organisez une tournée au Brésil. Beaucoup de fans en France, Italie et Espagne ? Une tournée européenne semble être dans vos projets !

Les informations démographiques et l’identification de votre public cible peuvent également être extrêmement utiles pour d’autres aspects, comme vos efforts de marketing. Cela vous permet de promouvoir votre musique là où elle est écoutée le plus. Vous pouvez même envisager de créer de la musique pour un public clairement défini si vous y voyez un potentiel pour augmenter vos revenus.

Maintenant que vous avez planifié votre tournée, il est temps de faire passer le mot. Ces mêmes auditeur·rice·s qui vous ont inspiré·e à organiser votre tournée sont celles et ceux que vous voulez prévenir que vous allez venir dans leur ville—alors pourquoi ne pas les atteindre via Spotify ?

Spotify permet aux artistes de vendre des billets de concert directement sur leur plateforme en s’associant à diverses entreprises de billetterie de concerts et de festivals dans le monde entier, telles que Ticketmaster, Songkick, Eventbrite et AXS. Pour afficher automatiquement votre ou vos événements à venir sur Spotify, il vous suffit de les lister sur l’un des sites partenaires de billetterie. Une fois que Spotify a reçu votre événement de la part du partenaire, il l'affichera sous l'onglet « Evénements », où vos fans pourront acheter des billets.

Spotify promeut également les concerts en envoyant des recommandations aux fans en fonction de leur localisation et de leurs habitudes d’écoute (c'est-à-dire, qui ils·elles suivent et qui ils·elles écoutent).

Spotify est idéal pour vendre non seulement des billets de concert, mais aussi du merchandising. Pour vous permettre de proposer vos produits via la plateforme, Spotify s’est associé à Shopify, une plateforme de commerce électronique pour les boutiques en ligne et les systèmes de vente au détail. Ce que vous, en tant qu’artiste, devez faire, c’est vous inscrire sur Shopify et connecter votre compte à votre profil Spotify for Artists.

Une fois les deux plateformes connectées, vous pouvez facilement gérer la façon dont vos produits sont présentés sur les différents supports de Spotify—c'est-à-dire sous l'onglet "Produits dérivés", en haut de l’onglet "Musique", dans la vue "En cours de lecture", ou étiquetés avec une ou plusieurs de vos sorties.

Vos revenus ne doivent pas provenir uniquement des streams musicaux. Vous pouvez également promouvoir des services payants qui ne sont pas liés à vos compétences musicales. Peut-être êtes-vous critique musical·e ou avez-vous une expérience en marketing et communication et vous pourriez proposer des consultations sur la promotion sur Spotify. Tout ce que vous pensez pouvoir être utile et que vous pourriez monétiser, vous pouvez l'inclure dans la description de votre profil Spotify ou même dans votre biographie d'artiste.

Les podcasts sont sans aucun doute devenus l'un des formats de contenu les plus populaires au fil des ans. Selon ListNotes, il y a environ 3,5 millions de podcasts, tandis que PodcastIndex.org estime qu'il y en a plus de 4,4 millions en tout. Voir ces chiffres pourrait vous donner l'impression que créer votre propre podcast serait redondant, mais savoir que c’est une façon lucrative de gagner de l'argent sur Spotify pourrait vous faire changer d'avis—si, bien sûr, le podcasting vous intéresse.

Bien que Spotify ne propose pas de redevances pour les épisodes de podcasts, la plateforme offre d'importants avantages de monétisation pour le podcasting via des outils de soutien des fans et des programmes publicitaires intégrés. En fait, le podcasting offre souvent un chemin beaucoup plus clair vers le succès financier sur Spotify que les streams musicaux. Il existe plusieurs manières de monétiser votre contenu de podcast, telles que la vente de publicités ou le recours à des partenariats.