Comment faire parti d’un collectif LGBTQ de musique peut-il bénéficier à votre carrière ?
- Bruce Levy
- 11 octobre 2018, jeudi
Vous débutez dans la musique et souhaitez vous faire connaître ? Historiquement, les labels sont les sociétés en charge de produire, éditer et distribuer les enregistrements d’artistes*. Mais avant d’être signé dans une maison de disque, il faudra prouver aux professionnels de la musique que vous représentez un investissement sur le long terme. Faire partie d’un collectif LGBTQ est un moyen de faire grandir sa communauté de fans et d’étendre son réseau professionnel.
Un collectif regroupe un ensemble de personnes travaillant autour d’un projet commun. Organisé autour d’une structure juridique telle qu’une association de type loi 1901 (en France) ou non, dédié à la musique ou à différents médiums, c'est aujourd'hui le moyen le plus plébiscité par les jeunes musiciens pour mettre un pied dans l’industrie, notamment dans celle des concerts. Comment faire parti d’un collectif peut-il, si ce n’est vous propulser sur le tapis des Grammys, vous aider à construire une carrière dans la musique ? iMusician s’est penché sur le cas de plusieurs collectifs parisiens, berlinois, londoniens et Lausannois aux approches idiosyncratiques. Ces quatre collectifs LGBTQ représentent autant d'initiatives qu'il existe de moyens de percer.
Collectif Ramdam, le plaisir avant tout
Le collectif Ramdam organise des événements pluridisciplinaires dans Paris et sa banlieue. Selon le manifeste du collectif, Ramdam est « né d’un besoin commun, celui de lier différentes disciplines artistiques sous l’égide d’une base, d’un collectif ». Pour la photographe et scénographe Eva Van Der Horst, Ramdam est avant tout un moyen pour un groupe de passionnés de s’inspirer entre artistes : « Nous étions une bande de copains qui avions envie d’organiser nos soirées, pour faire jouer nos amis, mettre en valeur les photographes, artistes qui nous entouraient, mais surtout de partager notre plaisir d’être ensemble ! Un conseil ? Aimer passer du temps ensemble, ne pas perdre de vue ce plaisir la. »
Les collectifs peuvent être avant tout un moyen de partager des connaissances entre musiciens, de s’entraider et de s'amuser ! Mais pour certains artistes ou personnes en premier lieu désavantagées face à l’hégémonisme social de l’industrie de la musique, ils sont aussi un moyen d’accéder à du matériel. Et de gagner confiance en soi. En 2016, le magazine en ligne de référence des musiques électroniques Resident Advisor avait pris la décision de ne plus publier son Top 100 annuel des meilleurs DJs. Pour cause, le manque de diversité de la liste, lisez l’omniprésence d’hommes blancs et hétérosexuels. Les temps sont au changement, cela dit les femmes et les groupes minoritaires sont encore largement sous-représentés par les médias et sont toujours victimes de vieux préjugés. « Pas mal pour une fille... », est le genre de remarque qui pollue toujours le quotidien professionnel de beaucoup de musiciennes.
No Shade, in femmes we trust
No Shade, un collectif berlinois fondé par la DJ Suédoise Linnea Pamestal (LINNÉA) en a fait son moto. Son initiative permet notamment aux femmes, personnes transgenre et aux queer/non-binaires d’avoir accès à des espaces pour s’entraîner au DJing et de bénéficier d’un tutorat gratuit par des DJs expérimentés. Le collectif fondé en 2017 bénéficie de subventions de la ville de Berlin, compte aujourd’hui quinze membres actifs et une ligne de vêtements. Régulièrement, ses DJs affiliées se produisent dans différents clubs de la capitale, le collectif organise également des ateliers d’initiation au DJing pour le public. À condition d’avoir les bons chromosomes ou de ne pas être dans le Top 10 de DJ mag pour la troisième année consécutive, vous l’aurez compris.
Pxssy Palace, les transgenres à l’honneur
Pxssy Palace, un collectif Londonien fondé par la DJ Nadine Artois, pousse cette démarche encore plus loin. Dédiées à la culture hip-hop et aux femmes racisées (non blanches), les soirées qu’elle organise dans l’Est londonien s’accompagnent de collectes de fonds destinées aux transsexuelles qui n’auraient pas le luxe de s’offrir un taxi en fin de soirée. Un luxe ? Pas tout à fait lorsqu’on est une cible privilégiée. En France, le ministère de l’interieur avait recensé 1020 victimes d’agressions antiLGBT
en 2016, des chiffres qui n’ont pas de quoi rassurer les oiseaux de nuits.
Si les collectifs sont les entités les plus plébiscitées dans le milieu des musiques actuelles, les musiques électroniques sont d’autant plus concernées. En 2015, Thump publiait un article intitulé « Collectivement parlant : pourquoi les collectifs de musique s’emparent de la musique électronique ». Même constat pour Crack, pour qui les « collectifs construisent un meilleur futur pour les musiques dansantes ». Le web ayant globalisé le partage de musique tout en accentuant la concurrence, rien d’étonnant à ce que les artistes préfèrent collaborer plutôt que d’etre en compétition.
Où êtes-vous tous ? Réhabiliter la ville
À Lausanne, le collectif Où Êtes-vous toutes ? propose des événements à dimension citoyenne, pensés pour réhabiliter les espaces post-industriels de la ville Suisse. Définit comme « une invitation à créer des espaces de liberté et de culture hors des structures ordinaires », ses membres rallient world, techno et une variété d’autres musiques en invitant d’autres collectifs et artistes à se produire, toujours dans un but de partage et de collaboration.
Alors, le collectif LGBTQ, lieu de réunion idéologique en marge d'une industrie uniquement portée sur la rentabilité ? Si vous peinez à percer dans l'industrie en tant qu'artiste "autonome", il n'est pas dit que faire parti d'un collectif de musique vous ouvrira la boîte de Pandore. Mais si la musique est avant tout un plaisir, les collectifs seront toujours là pour nous le rappeler.
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